Dans un précédent article, Martine s’intéressait à la richesse procurée par les langues régionales… Elle s’interroge à présent sur ces mots « nouveaux » qui fleurissent parfois dans la presse et dont l’utilité reste à confirmer.

Par Martine Lelait.

Je me targue d’être plutôt pas mauvaise en français et, notamment de par mes lectures, de maîtriser pas mal le vocabulaire. 

Pourtant là, sur deux semaines consécutives, je me heurte dans des articles de l’Obs auquel je suis abonnée depuis plus de trente ans (c’était à l’époque le « Nouvel Observateur » sous la houlette de Jean Daniel) à des mots totalement inconnus !

J’avais remarqué déjà depuis un bon moment que de nouveaux mots faisaient des apparitions récurrentes. Je pense en particulier à « hubris » que je n’avais jamais vu auparavant, sans doute parce qu’il y a d’autres mots pour indiquer la démesure. Maintenant il ne se passe pas deux numéros sans que l’hubris revienne à tire-larigot ! Est-ce un effet de mode ? Une velléité de faire savant ?

J’admets bien sûr que le vocabulaire, la langue française puisque langue vivante, s’enrichissent en permanence. La presse se fait l’écho régulièrement des nouveaux mots entrés dans le dictionnaire, parfois même au détriment de vieilles expressions qui meurent de n’être plus utilisées (tire-larigot n’est-il pas un bon exemple ?).

Rien que depuis 18 mois, avec la crise sanitaire, nous avons pris l’habitude d’utiliser des mots peu employés auparavant : confinement, couvre-feu (que seuls les journalistes sur terrains de guerres avaient l’habitude d’utiliser), pass sanitaire, antivax … D’ailleurs, ces deux derniers interrogent toujours les correcteurs orthographiques de nos logiciels car pas encore répertoriés.

Que dire du monde politique avec le macronisme, la disruption, l’adjectif « jupitérien »,  jamais autant entendus…

Pour en revenir aux deux mots que je méconnaissais complètement les voici :

  • Le verbe « s’abeausir » (« le climat de l’époque s’abeausit » dans l’article de Sophie Grassin sur Marcel Carné) :  ce mot ne figurant pas dans mon Petit Larousse (vieille édition de 2008) j’ai découvert sur le net qu’il signifie s’éclaircir, venir au beau ; eh bien oui, j’aimerais bien que le ciel d’août s’abeausisse pour me croire enfin en été !
  • Le mot « églogue » (dans la chronique de Mara Goyet « les bucoliques anonymes ») : Une églogue un petit poème pastoral et là mon dico connaissait !

Contente d’enrichir mon vocabulaire même si je doute utiliser un jour ces découvertes dans une conversation, je m’interroge cependant : à trop vouloir faire savant (et je n’ai pas dit « intello »), le risque n’est-il pas de transformer la lecture en un exercice inutilement complexe ? A ce petit jeu, l’OBS ne risque-t-il pas de perdre des lecteurs qui se tourneront vers des magazines plus faciles, voire plus simplistes ou plus people ?