Renoncer à boire de l’alcool en janvier pour vivre un « dry january (en français dans le texte : janvier sec) est une pratique qui se propage depuis une dizaine d’années et provient d’une campagne de santé publique anglaise pour lutter contre l’alcoolisme. Marie n’y souscrit pas.
Par Marie H.
Pourquoi avoir choisi ce triste mois de janvier, lent mois d’un long hiver pour nous inciter à l’abstinence ?
Recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), soucieuse de l’état de nos foies et de nos artères après les abus « réveillonesques » ? Méconnaissance des conséquences du cocktail, froid, obscurité et stress sur notre moral déjà bien secoué par une conjoncture économique faiblarde ?
Un soir cafardeux, déguster un whisky en bonne compagnie est pourtant un anti-stress de première ; à condition de ne pas oublier la recommandation inscrite sur la bouteille : à consommer avec modération.
Certes, l’abus d’alcool est un fléau, mais qui oserait condamner les malheureux contraints de lever le coude pour ne pas baisser les bras ? « Seul le malheur peut juger le malheur », disait François René de Châteaubriand, FRC pour les gens pressés.
La chaleur et l’oubli procurés par l’alcool en ont naufragé plus d’un et pas des moindres : Verlaine sirotant son énième absinthe, Faulkner buvant son bourbon à la bouteille, Bukowski ivre dès l’aube, tous pochards, célestes et géniaux. Hélas, la dépendance à l’alcool transforme des êtres libres en esclaves.
Le danger de l’alcool, c’est qu’il peut être convivial : on ne trinque pas avec une seringue ! Nos démons ne dansent pas tous sur la même musique.
La perfide Albion, non contente de « brexiter », nous envoie des conseils de sobriété. Ses conseils, elle peut se les garder, elle en a le plus grand besoin. Cette brillante idée d’un mois sans alcool nous arrivait en effet tout droit de Londres et de ses pubs enfumés où chacun s’enivre à qui mieux mieux.
La sobriété, c’est la santé, sans doute, mais un peu d’alcool fait chanter les neurones. On cherche à nous désespérer : la cigarette tue, l’alcool tue, et la vie, par hasard, est-ce qu’elle ne tuerait pas aussi ?