Durant cette revue de presse organisée début septembre à la Résidence Trianon, de nombreux sujets d’actualité ont été abordés, comme le tremblement de terre au Maroc, mais c’est la décision du gouvernement de supprimer deux campagnes de prévention contre la consommation d’alcool qui a suscité le plus d’émotion.
Étaient présents : Alain, Brigitte, Christiane, Christine, Francine, Martine, Monique, Odette R., Odette D., Odile, Sabine, Thierry.
Extraits des échanges
Un été ponctué de catastrophes climatiques.
Brigitte : Le séisme au Maroc est un événement terrible.
Odile : J’ai été à Marrakech par le passé. J’ai beaucoup aimé ce pays.
Christiane, Brigitte, Odette D. : Moi aussi.
Christine : J’espère que les associations françaises auront pu les aider.
Christiane : On a l’impression que tout se détraque à cause du dérèglement climatique. Cet été, en Grèce, les feux qui arrivaient aux portes d’Athènes. On ne peut pas dire que ça me fasse peur, en revanche, je suis persuadée que c’est un véritable problème de société.
Thierry : Dans le Sud, il y a eu la sécheresse, puis les inondations.
Brigitte : Et maintenant, un mois de septembre aussi chaud…On n’a pas l’habitude.
Martine : On se dit que ça peut arriver n’importe où.
Odette R. : Je ne pense pas que cela arrive chez nous, et puis nous n’y pouvons pas grand-chose. Arrivera ce qui arrivera.
Alain : On devrait modifier nos habitudes, arrêter certaines activités industrielles et investir les transports ferroviaires.
Thierry : On ne peut pas tout arrêter du jour au lendemain, ça entraînerait une révolution des usagers mécontents. Il faut développer des solutions sur le long terme. Le bus électrique par exemple, ça y est : c’est en route !
Odile : Tout le monde n’est pas d’accord pour changer. Dans ma famille, il y avait des agriculteurs et je me souviens de certaines discussions à propos des haies qu’ils coupaient. Moi, je trouvais dommage de les retirer, ces haies, car elles ont une grande utilité : les oiseaux viennent y nicher par exemple. Leur argument, c’était que les agriculteurs vieillissaient et qu’ils ne pouvaient plus les tailler. Pourtant, il y a de la jeunesse qui a besoin de travailler !
Maintenant dans ma famille, les jeunes n’ont pas continué, l’agriculture n’est plus assez pas rentable, il y a trop d’inconvénients. Mon père est mort à 60 ans, à cause de l’engrais qu’il balançait dans les champs à la main, sans aucune protection.
Christine : Quand on dit aux agriculteurs concernés qu’ils pourraient acheter des coccinelles au lieu de pulvériser des pesticides, ils nous rigolent au nez !
Thierry : Mon père avait un grand jardin, où il ne fallait pas écraser les coccinelles !
Les campagnes de prévention contre la consommation d’alcool.
Christiane : Il faut faire plus de campagnes de prévention. Quand il y a des morts, tard, le soir, sur la route, ce sont souvent des jeunes qui ont bu ; ils sont quatre dans une voiture et ça fait quatre morts. Quand je sors maintenant, je ne prends plus d’apéritif, car j’ai peur des conséquences : perdre l’équilibre et me blesser.
Odile : Moi, c’est pareil, j’ai peur de tomber et de me retrouver à l’hôpital avec de l’alcool dans le sang. Le personnel hospitalier se dirait alors : « C’est quelqu’un qui boit » !
Thierry : Moi, j’étais chauffeur de bus, et bien, je peux vous dire qu’on n’est jamais contrôlé !
Odile : L’alcoolisme, ça a toujours existé. J’avais un voisin, il est mort d’une cirrhose ; pourtant, on ne le voyait jamais boire. Il avait son fût dans sa cave avec un petit verre dessus et il se servait en passant.
Thierry : Voilà un an, à peu près, que je ne bois plus. Après quarante ans de consommation d’alcool, j’ai fait des comas éthyliques. J’ai commencé à boire de l’alcool, à 20 ans, avec la famille de mon ex-femme ; ils étaient tous alcooliques. Avec eux, c’était apéro sur apéro. J’en suis arrivé à boire 1 litre de pastis tous les deux jours, sans compter ce que je buvais au bistrot.
Quand j’ai arrêté, j’ai essayé de boire de la bière ou du vin sans alcool, mais c’est trop dur parce qu’on retrouve exactement le goût de l’alcool et on a envie d’en reprendre. Il y a aussi certains moments dans la journée qui sont difficiles à passer : quand tu es tout seul chez toi, sans rien à faire entre 18 et 20 heures par exemple ; quand tu regardes une série à la télé où tout le monde boit, c’est tentant !
Maintenant, je ne vois plus qu’un seul de mes trois enfants. Il m’a prévenu : « Papa, si tu replonges dans l’alcool, je ne te vois plus ». J’ai peur, c’est dur.
Odile : Mon p’tit fils est pris par l’alcool à cause de son passé familial difficile. Il s’est enfoncé avec les copains dans la drogue. On est allées le voir avec mes filles, c’était un zombie. Il attend pour faire une cure.
Martine : Mon fils a fait de la prison à cause de son alcoolisme. Il allait souvent en boîte et buvait trop. Il avait l’alcool mauvais. Une fois, en rentrant, il a tapé sur sa belle-mère qui a porté plainte, tellement il avait été violent. Ensuite, il a fait des cures. Il faut dire que son père buvait aussi, même avec lui.
Sabine : Quand on commence à boire, on a du mal à s’arrêter. Je vivais avec un routier, on buvait ensemble. Mais, quand j’ai eu mon garçon, j’ai arrêté. Je ne voulais pas que mon gars fasse pareil.
Christiane : Ma fille a commencé à organiser des surprises party dès 17 ans ; il s’agissait plutôt de soirées crêpes et je n’ai jamais pensé à acheter de l’alcool ; je ne me posais pas la question. Je ne crois pas que ma fille buvait en dehors de la maison, mais avec mon dernier fils, c’était différent. On l’a un peu plus surveillé. Je ne pense pas qu’il buvait à la maison mais chez les copains, oui. Quand ils sortaient, mes enfants avaient la permission de minuit et j’allais toujours les chercher. Quand mon fils montait dans la voiture, il m’arrivait de trouver qu’il sentait un peu l’alcool mais je ne disais rien. Une fois, il m’a annoncé : « Maman j’ai bu » et je pense que, ce jour-là, il avait vraiment beaucoup bu. Je n’étais pas contente et j’ai voulu le gifler. Mais comme il mesure 1m82 et que je suis petite, je n’ai pas réussi. Son grand frère a pris le relais. « Maman, laisse-moi faire », il m’a dit, et il lui a soufflé dans les bronches. Je crois que ça lui a été utile.
Brigitte : Est-ce qu’on sait s’il y a plus d’hommes alcooliques que de femmes ?
Alain : Quand les hommes faisaient leur service militaire, ça ne les aidait pas.
Thierry : On y apprenait à boire et à fumer.
Odette D. : Beaucoup de personnes boivent par détresse.
Sabine : Ma mère, c’était une enfant de l’orphelinat ; quand elle a perdu son premier enfant, elle s’est mise à boire. Elle pensait toujours à cet enfant disparu.
Odette D. : Je connais quelqu’un qui n’a pas supporté une séparation et qui a plongé dans l’alcool.
Thierry : Avant tout, l’addiction à l’alcool, c’est une maladie. Moi, je n’ai pas eu plus de coup dur que ça dans ma vie. En revanche, j’ai eu des copains ! Ah des copains de bistrot, y’en a plein, voire trop ! Mais depuis que je suis ici et que je ne bois plus, il n’y a plus personne, comme par hasard.
Monique : Moi, j’ai perdu trois personnes proches en six mois, et je ne me suis pas mise à boire.
On n’est pas obligé de boire quand on est malheureux.
Thierry : On pourrait parler des bistrots où le patron fait crédit, ça n’aide pas non plus à boire moins. C’est interdit par la loi, le crédit : ce bistrotier n’a pas intérêt à se faire prendre.
Alain : Si son café est contrôlé, il peut fermer.