Depuis quelques mois, dans le cadre de leur formation, des étudiantes en 2ème année de BTS en Économie Sociale et Familiale (ESF) se joignent régulièrement aux rendez-vous publics des Curieux Aînés.
Fin janvier, ce groupe et leurs professeurs ont invité nos rédactrices au Lycée Flaubert pour déjeuner et échanger. Un accueil chaleureux leur a été réservé et après un repas très convivial, elles se sont mises au travail. Des discussions en petits groupes leur ont permis d’aborder différents sujets de société. Nos rédactrices racontent.
1er épisode avec Yvonne Leménager
Un avenir dans la norme.
La société actuelle est très formatée, ce que confirment les trois étudiantes avec lesquelles je me suis entretenue. Elles se sentent accablées d’injonctions de la part de l’école, de la famille, de la société, et surtout des réseaux sociaux qu’elles présentent comme un véritable fléau.
Peut-on s’écarter de ces normes sans attirer une attention parfois malsaine ? On pense évidemment au harcèlement sur certains sites mais c’est à l’école que l’une d’entre elles en a fait la douloureuse expérience. Elle nous a expliqué, très émue : « Je ne voudrais pas que mon enfant passe par ce que j’ai vécu en classe ». Les autres étudiantes du groupe ont fait état, à un degré moindre de situations semblables. Tout cela crée un sentiment d’anxiété diffus.
Comment se projeter dans l’avenir dans ce contexte anxiogène ? Comment envisager son avenir en tant que femme et, peut-être, en tant que mère ? Cela les empêche-t-il de s’épanouir en tant que femmes ? De vivre une vie amoureuse ? Une vie de couple ?
Il y a une contradiction entre une liberté revendiquée et ce souci de respecter des cadres imposés de manière implicite et souvent anonyme.
Ces échanges autour de la liberté nous ont amené à parler de la contraception mais aussi de l’IVG grâce auxquels, les femmes peuvent aborder leur sexualité plus librement et choisir aussi le moment de s’engager dans la maternité. Mais est-il toujours facile de faire ce choix ? Les trois jeunes femmes ont exprimé des doutes quant à leur capacité à savoir élever un enfant. Elles ont peur de ne pas être à la hauteur.
Elles se demandent aussi si cela sera plus facile plus tard quand, ayant avancé en âge, elles seront installées d’une façon plus stable dans leur vie personnelle et professionnelle, avec davantage de ressources mais aussi d’obligations. Le changement de vie induit par une naissance peut être un passage difficile.
Dans ce contexte, à l’heure où l’inscription de l’IVG dans la Constitution a occupé une place importante dans l’actualité, il me semble fondamental et sécurisant de garantir ce droit, de même que l’accès à la contraception. Je compare la situation actuelle à celle que j’ai connue quand la contraception n’existait pas et que l’on se contentait de suivre la « méthode Ogino ». Il s’agissait pour les femmes de tenir compte de leurs périodes de fertilité pour tenter de ne pas tomber enceinte. Cela constituait surtout une entrave à leur sexualité ou provoquait des grossesses inopinées et la naissance de « bébés Ogino ». Les jeunes femmes autour de moi ne connaissaient pas cette expression, elles ont plus de choix et sont mieux suivies… Je me rappelle également que l’échographie n’existait pas et que le suivi médical était plus léger… comme l’époque.