Le suspens qui entoure le résultat des élections américaines inquiète certains résidents de l’EHPAD Saint Joseph. Si Donal Trump passait, quel serait l’impact à travers le monde ? Face aux menaces climatiques et géopolitiques, pourra-t-on compter sur les jeunes générations pour trouver des réponses ? Sauront-elles retenir les leçons du passé ?

Revue de presse à l’EHPAD Saint-Joseph de Sotteville-lès-Rouen.
Étaient présents : Arlette, Claude, Danièle, Jeanine, Lionel, Lucette, Mireille, Odile, Rolande, Rosa, Sylvette ainsi que l’animatrice Athénaïs.

Claude : Les élections américaines approchent. Elles nous concernent tous dans la mesure où les États-Unis représentent une grande puissance mondiale et que le résultat de cette élection aura des conséquences internationales. 
A titre personnel, je pense que la candidature de Kamala Harris est davantage porteuse d’espoir. Il faut que des personnes plus jeunes s’emparent du pouvoir. Jo Biden a eu raison de se retirer ; il est assurément intelligent mais son état de santé rendait la poursuite de sa campagne ridicule.

Mireille : Si j’étais américaine, je choisirais aussi la candidate la plus jeune, ne serait-ce que pour voir ce qu’elle peut proposer de différent.

Rolande : J’espère que Trump ne sera pas élu, je ne l’aime pas du tout. Son attitude est détestable. 

Claude : S’il gagne, on peut craindre que le conflit russo-ukrainien évolue d’une manière radicale.  Si l’Ukraine perd le soutient des U.S.A., la Russie pourrait prendre l’avantage ce qui amènerait d’autres pays à s’engager davantage dans le conflit. C’est un risque.
Cela peut-il nous entrainer vers un 3ème conflit mondial ? Je préférerais ne pas avoir besoin de me poser la question.

Mireille : Je suis trop âgée maintenant pour m’inquiéter de l’avenir du monde, c’est à la jeunesse de prendre son avenir en main, ce qui ne me semble pas le cas actuellement. Tant que les jeunes ne seront pas directement concernés, ils resteront spectateurs.

Arlette : Nous avons vécu beaucoup de situations dramatiques durant notre existence à commencer par la guerre pour certains d’entre nous. Cela nous amène à relativiser ce qui peut se passer actuellement. Nous ressentons moins la peur, mais nous connaissons la gravité des choses.

Rolande : La jeunesse ne réagit pas comme nous, elle n’a pas conscience du danger.

Claude : Je crois au contraire que les jeunes sont attentifs à la situation et se sentent concernés. On voit d’ailleurs qu’ils participent à de nombreuses manifestations pour défendre de causes qui leur tiennent à cœur. Il y a régulièrement des rassemblements en faveur de l’écologie ou pour s’opposer aux conflits qui nous menacent.

Mireille : Les manifestations d’aujourd’hui sont différentes de celles que nous avons pu connaitre. La violence est devenue plus fréquente, il y a davantage de casseurs.

Rolande : Celles auxquelles nous pouvions participer visaient à défendre des intérêts plus corporatistes.

Arlette : Nous défendions notre usine, nous faisions grève pour contester les décisions du patron. Cela dépendait du secteur dans lequel on travaillait. Il y avait davantage de grèves dans les usines que dans les bureaux.

Danièle : En 1968, je travaillais dans une usine à Pont de l’Arche, nous avons débrayé pendant trois semaines. Nous manifestions pour les salaires.

Mireille : Je me souviens que les délégués continuaient d’être payés par le syndicat mais pour nous, les ouvriers, faire grève était bien plus compliqué. Le plus souvent, le travail nous permettait de nourrir notre famille, nous n’avions pas fait d’études. Quand j’étais enfant, mes parents m’ont vite fait comprendre que je devais rapporter de l’argent.

Arlette : C’était pareil chez moi. Mes parents voulaient que je travaille, tout le monde se foutait que l’on poursuive nos études. Nous n’y pensions même pas.

Danièle : J’ai perdu mon père à 11 ans, il a fallu que je participe à la vie de la famille pour aider ma mère. A l’époque, nous étions payés aux pièces. Il n’y avait pas de salaire fixe comme aujourd’hui.

Arlette : C’était de l’esclavagisme.

Mireille : Aujourd’hui, Les jeunes sont mieux formés et mieux informés, mais ils se soucient moins de leur cadre de travail. A partir du moment où ils ont un salaire satisfaisant, il est plus difficile d’attirer leur attention sur les enjeux de la société.

Claude : Il y a un besoin d’éducation, il faut expliquer aux enfants et aux jeunes ce qui se passe dans le monde pour qu’ils continuent de se mobiliser mais ce n’est pas évident. L’idée de la guerre est effrayante pour eux autant qu’elle l’était pour nous.

Mireille : Quand on part à la guerre, on ne sait pas ce qu’on fait. Pendant la Seconde guerre mondiale, mes parents hébergeaient des Alsaciens qui se battaient pour les Allemands, ils ne comprenaient pas ce qu’ils faisaient à Rouen ; ils disaient qu’ils auraient préféré rester chez eux.
Aujourd’hui les jeunes générations ignorent les conséquences que provoque un conflit. 

Athénaïs : Étant plus jeune, je connais beaucoup de personnes dans mon entourage qui ne sentent pas concernées par ce qui s’est passé dans les années 1940. Elles ne se rendent pas compte de l’ampleur des événements qui se sont déroulés.

Claude : Il y a des jeunes gens qui sont inconscients et qui ne retiennent aucune leçon du passé. Il faut leur expliquer pour éviter que certaines catastrophes ne recommencent. L’avenir dépend d’eux.