Même s’ils ne fréquentent plus les salles de spectacles de l’agglomération rouennaise, les résidents de l’Ehpad Saint-Joseph se souviennent de l’importance des sorties culturelles dans leur vie et s’inquiètent des restrictions budgétaires visant la culture. 

Revue de presse à l’EHPAD Saint-Joseph de Sotteville-lès-Rouen.

Étaient présents : Arlette, Claude, Christiane, Danièle, Mireille, Odile, Pauline, Roger et Athenais, animatrice.

Claude : Rouen est une ville de culture, équipée de nombreuses salles proposant des spectacles très variés. Les Rouennais y sont d’ailleurs attachés depuis longtemps, les queues devant le cirque du Boulingrin n’étaient pas rares. Personnellement, j’ai beaucoup fréquenté l’opéra de Rouen. J’en avais pris l’habitude avec mes parents et j’ai continué avec mon épouse.

Mireille : L’opéra de Rouen est souvent plein. C’est un lieu qui a toujours compté pour la réputation de la ville même si beaucoup de personnes sont plus attirées par des spectacles plus faciles d’accès comme la variété. Aujourd’hui, pour voir ce genre de concerts, on peut aller à Sotteville-lès-Rouen au Trianon Transatlantique ou à Elbeuf.
A mon époque, nous allions sous le chapiteau de la place du Boulingrin. C’était un lieu très connu. J’y ai vu des concerts d’Annie Cordy et de Georges Guétary. J’avais des entrées gratuites grâce à mon parrain qui y travaillait comme machiniste.
C’était un homme qui aimait voir des opéras ; je me souviens qu’il y allait avec sa femme et qu’il emmenait un livret pour suivre les œuvres qui n’étaient pas en français.

Pauline : On fréquente plus facilement certaines salles en fonction de son éducation. Enfant, j’ai eu la chance de baigner dans l’opéra, c’est un milieu que je connaissais et j’y allais souvent. Il faut dire que Rouen est une ville bourgeoise et la bourgeoisie va plus facilement à l’opéra. Je me souviens cependant que parmi les ouvriers qui venaient, et s’installaient en haut de la salle au poulailler, certains avaient l’oreille musicale.
Aujourd’hui la différence sociale se remarque moins. Avant, on s’habillait pour sortir dans les grands théâtres, cela me plaisait, mais cette habitude a tendance à disparaitre.

Claude : Maintenant, les gens vont à l’Opéra de Paris habillés en jeans ; cela traduit peut-être le fait que l’opéra s’est démocratisé et que toutes les catégories sociales peuvent y accéder.  

Mireille : L’opéra devrait s’adresser à tous et proposer davantage de spectacles plus légers.

Roger : Sans l’école, je n’aurais pas vu de spectacles. Mes parents étaient cultivateurs et ne pensaient pas trop à sortir. A l’école de Clères à quelques kilomètres de Rouen, où j’étais élève, quand on avait de bons résultats, on nous récompensait en nous emmenant au Chatelet de Paris ! C’est ainsi que j’ai vu Luis Mariano.

Arlette : Il était assez fréquent que les écoles de Rouen nous emmènent à Paris. Je me souviens avoir été au Théâtre de Chaillot pour voir des pièces classiques. On en profitait pour visiter la capitale.

Mireille : Dans notre famille non plus la culture ne tenait pas une grande place mais j’avais la chance de connaitre des gens qui sortaient souvent et qui me proposaient d’aller au spectacle avec eux parce qu’ils savaient que ça m’intéressait. 
A leur contact, j’ai pu développer ma culture générale et malgré la différence sociale qui pouvait exister entre nous, je ne me sentais pas écrasée.

Christiane : Je n’ai pas tellement eu l’occasion de voir des spectacles : je m’occupais de mes trois enfants et organiser une sortie était compliqué. Autour de moi, c’étaient les hommes qui sortaient. Parfois, je réussissais à prendre l’air avec mes copines, mais cela s’arrêtait là. Parfois, j’aurais bien aimé aller au théâtre ou écouter des concerts.

Daniele : Pour moi, sortir c’était aller au dancing ; j’adorais aller au bal pour rencontrer du monde. J’étais passionnée par la danse, j’aimais bien le jerk, la musique créole et certaines danses traditionnelles. J’aimais bien le cinéma aussi, les séances de l’après-midi quand j’étais enfant.
Adulte, j’ai eu l’occasion de voir « Holliday on Ice » au Palais des Sports de la porte de Versailles à Paris ; c’était un spectacle de fin d’année qui changeait de programme tous les ans ! La pharmacie pour laquelle je travaillais nous y invitait parfois. J’en profitais pour visiter Paris. En dehors de cela, j’ai toujours eu la sensation que la culture, c’était pour les autres.

Mireille : Il est important d’inciter les gens à voir des spectacles. Les collectivités doivent aider la culture. Tout le monde en a besoin. C’est enrichissant et instructif.

Roger : Il faut continuer à soutenir la culture. C’est utile. 

Claude : Il faut maintenir les aides pour que la culture garde son niveau actuel et que le plus grand nombre continue d’y avoir accès.