Le tourisme rend souvent inconscient. Sur les pentes de l’Etna, comme sur bien d’autres sites, des êtres humains en vacances franchissent les limites de la prudence et de la loi pour se faire mousser sur les réseaux sociaux. De ce fait, ils ont été affublés par des Anglo-saxons d’un sobriquet qui semble très bien coller à leurs bottes d’amateurs de sensations fortes : les tourons !

Par Stéphane Lecompte 

En cette saison, les pentes enneigées de l’Etna, et sa lave incandescente, sont un spectacle de choix pour des touristes en mal de repères avec la réalité. Plusieurs milliers d’entre eux se pressent sur les routes du célèbre volcan sicilien pour y prendre la photo qui donnera à leur vie un sentiment de puissance. Devant la recrudescence des accidentés, leur lubie prend des allures de cauchemar pour les sauveteurs. Ils n’arrivent bien souvent qu’à grande peine pour s’extraire de cette anarchie et secourir les badauds imprudents, telles des brebis égarées. Les chemins étroits encombrés par les véhicules de cette foule bigarrée sont autant d’obstacles générant un précieux temps de perdu. Les maires des communes avoisinantes ont beau avoir pris la décision de ne laisser les touristes s’approcher qu’à une distance minimale de 500 mètres des bords enflammés, rien n’y fait !   

Les réseaux sociaux et leur engouement ajoutent dramatiquement à la situation, jusqu’à y voir des skieurs de l’impossible braver les braises du volcan en y slalomant gaiement. Et l’exemple donné venant du sud de l’Italie n’est pas le seul. Un peu partout sur la planète, comme une preuve de l’immaturité humaine, des cas insensés se produisent…sous l’œil d’un selfie, d’une GoPro ou d’un drone domestique. Ainsi, sur les terres espagnoles, un homme n’a-t-il pas hésité à endommager une peinture vieille de plusieurs milliers d’années pour faire parler de lui sur Facebook, tel un héros à l’esprit divaguant. Même constat à Florence, où une statue de la fontaine de Neptune a subi les dégradations d’un jeune Allemand fier de lui ; et que toujours dans la cité des Médicis, une jeune femme ait feint un acte sexuel sur une statue représentant Bacchus, entre-autre, dieu… des débordements !

Oui, les Anglo-saxons n’ont point tort d’avoir trouvé une appellation particulière à ces touristes : les tourons ! Cette contraction des mots « tourist » et « moron » s’appliquent à la lettre les concernant. Petite précision : le mot « moron », en anglais, désigne un crétin ! A vous d’en conclure si cette dénomination s’applique effectivement à merveille à nos explorateurs du dimanche…