Les enfants rêvent souvent d’avoir un chien à la maison. Andrée en a eu un, quelque temps : Micky il s’appelait. Plus de soixante-dix ans après l’avoir aimé, caressé, promené, elle s’en souvient encore. Ses conseils aux parents.
Andrée Lepetit
« Micky a débarqué dans notre famille sans préavis. C’est mon père qui l’a ramené un jour. J’avais une dizaine d’années. Cette petite boule de poils noirs et blancs m’a conquise dès les premiers instants. Micky était un bâtard qui venait de la campagne, mais il était terriblement craquant.
Les premiers temps furent un peu difficiles, surtout pour ma mère, car Micky encore bébé, n’était pas propre. Je me souviens avoir eu peur qu’on le renvoie d’où il venait ! Mais Micky a grandi et les choses se sont arrangées. J’adorais le promener, le voir m’accueillir tout joyeux quand je rentrais à la maison, sentir sa truffe contre mes jambes, le regarder sauter dans les copeaux de bois de la menuiserie de mon père.
Micky était espiègle et affectueux. Mais c’était aussi un petit voyou qui fuguait. Il se sauvait parfois pendant plusieurs heures ; une fois, il est allé jusque chez l’une de mes copines où il est resté plusieurs jours. Qu’est-ce que cette expédition m’a rendue jalouse ! Je voulais Micky rien que pour moi.
Le temps passa et Micky était toujours aussi tonique. Lorsque j’ai eu seize ans, mes parents ont été obligés de déménager. Le chien, qui n’était pas habitué à l’appartement, est redevenu malpropre. Ce qui mettait ma mère très en colère.
Un soir, j’ai constaté que Micky n’était plus là. « Où est le chien ? » j’ai demandé à ma mère. – « Je l’ai donné à une personne qui a un grand jardin et des enfants pour s’en occuper » m’a-t-elle répondu. Quel choc ! J’ai eu beau lui dire que les enfants allaient le chahuter et l’énerver, elle m’a expliqué que ce qui était donné ne pouvait être repris. J’ai dû accepter la disparation de Micky. Non sans pleurs.
Je n’ai plus jamais eu de nouvelles de lui. Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Et aujourd’hui, à 86 ans, Micky revient régulièrement dans mes pensées. Il a été le seul et unique chien de ma vie !
Quand j’entends parfois les enfants réclamer un chien à leurs parents, je voudrais les mettre en garde. « Ayez conscience de l’engagement que vous prenez. Choisissez-le bien. N’imaginez pas que vous pourrez vous débarrasser de l’animal comme d’un objet, le jour où vous serez lassé de lui ou que votre logement ne vous paraîtra plus compatible avec ses besoins. Vos enfants en auraient le cœur brisé ».