Pendant plusieurs mois, Catherine a vécu dans un centre de rééducation à Rouen. Elle a eu le temps de tisser des liens avec le personnel soignant, mais c’est une stagiaire qui lui a apporté cette fraicheur que d’autres, oppressés par leurs tâches, ont perdue.
Par Catherine Lenord
Pendant 8 mois, je me suis habituée à supporter ces aides-soignantes toujours pressées à l’heure de m’aider à faire ma toilette. Tous les matins, c’était le même rituel, comme une course contre le temps : plus vite, toujours plus vite, sans aucune possibilité de réagir, pour leur dire de ralentir, de prendre le temps de me parler un peu. A chaque fois, quand j’ai essayé d’engager la conversation, c’était un « oui, mais », il leur fallait s’occuper des 49 patients en une matinée ! « On n’a pas le temps » !
Je me sentais à chaque fois frustrée….
Mais un matin, une aide-soignante m’a présenté une stagiaire. « Elle s’appelle Chloé, c’est elle qui va s’occuper de vous ».
C’était un vrai rayon de soleil dans ma vie de patiente. Elle me parlait sans arrêt, elle était très douce dans tous ses gestes, dénuée de toute pression. Elle mobilisait mes membres opérés très lentement pour ne pas me faire de mal. Elle, au moins, prenait le temps, allait à son rythme et respectait le mien. Une véritable complicité s’est instaurée entre elle et moi. Un matin, comme je lui demandais pourquoi elle avait choisi de faire ce métier, elle m’a répondu qu’elle aimait les relations humaines qui, à ses yeux, sont indispensables pour être aide-soignante. A partir de ce moment, je l’ai accueillie avec une grande joie. J’avais hâte de parler avec elle, j’avais l’impression à chaque fois d’être ailleurs et surtout pas dans un hôpital.
Hélas, elle n’est restée que 15 jours…et j’ai ressenti un grand vide le jour de son départ…