Concentration des médias, développement des réseaux sociaux, commentateurs pétris d’éléments de langage… Comment se fier à l’information lue, vue et entendue ? Et comment conserver son esprit critique ? Influence-t-il notre manière de suivre les médias traditionnels ? Le sujet a beaucoup inspiré les résidents de la Rose des Sables. 

Revue de presse de la résidence de la Rose des sables.
Étaient présents : Anne-Marie, Annette, Brigitte, Claudine, Denise, Dominique, Jean-Louis, Josette, Renée et les animatrices, Edwige et Gracinda.

Claudine : Le risque de voir la désinformation se propager sur les réseaux sociaux est de plus en plus grand. Le soutien que certains d’entre eux ont apporté à Donald Trump depuis son élection et l’abandon de toute ambition quant à la modération des contenus constituent de ce point de vue de mauvais signaux.

Anne Marie : Le développement de tous ces outils numériques est tellement rapide ! Il est difficile de suivre ce mouvement. Les sources d’informations se multiplient sans que l’on sache vraiment les identifier.

Claudine : Beaucoup de gens n’essayent plus de comprendre ce qu’ils lisent, ils éprouvent de plus en plus la méfiance vis-à-vis de la science, surtout si elle remet en question leurs propres convictions. La croyance remplace la connaissance.

Dominique : La question de la vérité se pose, elle surgit davantage d’un dialogue contradictoire que d’une affirmation gratuite.

Brigitte : Quand j’entends à la radio ou à la télé un invité qui s’entête dans son raisonnement sans vouloir en débattre, je n’en tiens pas compte ; je préfère écouter des personnes prêtes au dialogue et je varie quand c’est possible mes sources d’information pour avoir différents avis.

Claudine : L’information va tellement vite que même les politiques ne prennent plus le temps de vérifier ce qu’ils avancent. Ils veulent être les premiers à réagir ; ils se servent des médias sans autre idée que d’être vus par le plus grand nombre. 
Quelques heures après la collision entre un avion et un hélicoptère qui a eu lieu à Washington, Donald Trump a affirmé que l’accident était la conséquence des politiques de sécurité aérienne mises en place par les administrations démocrates. C’est une affirmation uniquement destinée à conforter son électorat.

Annette : On peut espérer que les usagers, et plus particulièrement les jeunes, apprendront avec le temps à développer un sens critique.

Edwige : Un programme pour apprendre à reconnaitre les sources d’information a été mis en place dans le collège de ma fille. On donne aux élèves des outils pour décoder ce qu’ils lisent et les inciter à en chercher l’origine.

Josette : La situation familiale compte aussi. Quand les parents ont une situation stable, ils peuvent mieux accompagner leurs enfants.

Annette : L’expérience est certainement une bonne chose mais si la vigilance des gens diminue c’est peut-être simplement par lassitude. On entend tellement de promesses qui sont ensuite oubliées que, finalement, on ne cherche plus à comprendre.

Renée : Moi, je me sens impuissante, alors j’écoute à peine les informations.

Dominique : Il est plus facile de faire confiance à un média dont on connait le positionnement éditorial. « Le Figaro », quotidien de droite, et « Libération », quotidien de gauche, ne traitent pas l’information de la même manière.
Par exemple, si les prix montent dans l’immobilier, « Le Figaro » défendra l’idée que le marché de l’immobilier s’améliore tandis qu’un journal de gauche s’inquiétera pour l’accession à la propriété des personnes les moins aisées. 
Le problème n’est pas seulement de savoir si l’information est exacte ou fausse, c’est aussi de comprendre le point de vue de celui qui la présente.
L’objectivité des journalistes est une question sensible. Certains sont influencés par leur environnement social. Il est difficile d’en faire abstraction. Tous les journalistes n’ont pas conscience de la réalité dans laquelle vivent la plupart des gens.

Josette : J’essaye de ne pas trop écouter les analyses des journalistes à propos d’un discours politique. Je préfère prendre le temps de réfléchir par moi-même à ce qui a été exposé. J’ai souvent l’impression que les commentateurs manquent de neutralité dans leurs propos.

Gracinda : Il est difficile de décrypter soi-même un discours qui a été calculé pour mettre en avant certaines idées et éviter d’évoquer certains problèmes. Écouter des analyses n’empêche pas de conserver un sens critique.

Dominique : Il est difficile de comprendre toutes les subtilités et les sous-entendus d’un discours politique ; certaines données ne sont pas prises en compte par tout le monde, les données économiques par exemple. Le sens d’un discours change beaucoup en fonction de ce à quoi on s’intéresse ou pas.

Claudine : Beaucoup de spécialistes savent ce qu’ils disent et tous les spécialistes ne sont pas d’accord entre eux. C’est cela qui est enrichissant.

Dominique : Il est aussi intéressant d’écouter d’anciennes personnalités politiques qui connaissent leur sujet mais ont davantage de recul par rapport à un sujet d’actualité.

Anne Marie : Pendant longtemps, j’ai été abonnée à deux journaux différents : « Témoignage Chrétien » et « La Croix ». Ils correspondaient à mes convictions religieuses mais étaient de deux tendances politiques différentes ; ils abordaient des sujets de société avec des regards très différents. J’appréciais beaucoup d’avoir ces deux sources d’informations.

Claudine : Un autre problème est la concentration des médias ; quand une seule personne en possède plusieurs, on peut s’interroger sur leur indépendance. Vincent Bolloré est l’exemple le plus inquiétant. Cet homme extrêmement riche et très marqué politiquement possède des journaux, des radios, des télés dont Cnews. Cette concentration constitue une véritable menace pour la pluralité et la neutralité de l’information.