Discussion croisée
Des rencontres entre les étudiantes BTS économie sociale et familiale du Lycée Flaubert et des résidents de différentes résidences autonomie de la ville de Rouen sont proposées par les Curieux Ainés. Sujets d’actualité et de société y sont débattus. En décembre, c’est à la Rose des Sables que la rencontre s’est déroulée. Parmi les sujets abordés : Crush, une application qui fait polémique.
« Crush » est une application qui propose aux jeunes de 10 à 21 ans de découvrir qui est leur « admirateur secret ». Des risques de cyberharcèlement voire de pédo-criminalité ont été dénoncés obligeant l’application à se remettre en question et à changer de nom.
Étaient présents :
Résidents de la résidence de la Rose des sables : Andrée, Anne-Marie, Chantal, Brigitte, Chantal, Denise, Eugène, Jacqueline, Jean-Louis, Jean-Luc, Josette, Marcelle, Margaret, Maryse, Mireille, Nicole, Odile, Renée, Serge et les animatrices : Gracinda et Edwige.
Étudiantes en 2ème année, BTS économie sociale et familiale : Anaïs, Astrid, Aurélie, Chaïma, Chloé, Coralie, Élisa, Éloïse, Jeanne, Johanna, Katiana, Kathleen, Lena, Mathilde, Mulan et les professeurs : Margaux et Nathalie.
Extrait des échanges
Astrid : A l’origine, « Crush » est une application de rencontres destinée à des jeunes âgés de 10 à 21 ans pour leur permettre de découvrir qui avait eu un coup de cœur pour eux. Il suffisait pour cela de répondre à des sondages anonymes et positifs entre personnes d’un même établissement scolaire.
Le créateur de cette application pensait ainsi proposer un espace de rencontre bienveillant, mais, en l’absence de vérification de l’âge des utilisateurs, des risques de cyberharcèlement, voire de pédo-criminalité ont suscité une vive polémique.
Mulan : En dehors de ce risque, l’application posait d’autres problème, le premier étant de savoir jusqu’à quel point des enfants de 10 ou 13 ans ont besoin de s’inscrire dans une démarche de séduction.
Élisa : Des enfants de cet âge ne peuvent pas avoir le recul suffisant pour construire ce genre de relation. Leur naïveté les rend fragile.
Mulan : De plus, le fonctionnement de l’application était assez malhonnête puisque, si l’accès aux sondages était gratuit, il fallait payer 12€ par mois ou 3,99€ par semaine pour passer à la version premium et connaitre l’identité de ses admirateurs potentiels.
Josette : Il y a de plus en plus de propositions sur Internet qui rendent les jeunes et les moins jeunes trop dépendants. Cela crée un besoin qui, insidieusement, incite les utilisateurs à s’abonner. Ce sont des habitudes qui vont coûter de plus en plus cher.
Andrée : C’est assez monstrueux de mettre en place un outil artificiel pour créer des relations d’amitié…
Élisa : Finalement, devant le tollé, l’application a dû modifier son fonctionnement et a été rebaptisée « Friendly ».
Gracinda : En tant que maman d’ado, je m’interroge sur les parents qui ne contrôlent pas les applications que leurs enfants utilisent. Personnellement, j’utilise « Family link » qui permet d’exercer un contrôle en obligeant les enfants mineurs à demander l’autorisation de leurs parents pour s’inscrire à tel ou tel programme.
Chantal : Trop de parents laissent leurs gamins livrés à eux-mêmes.
Josette : Beaucoup d’adultes ne sont pas du tout dans le numérique. Ils ne comprennent rien à ces applications qu’utilisent leurs enfants. Comment peuvent-ils faire pour les accompagner ?
Éloïse : Les habitudes changent également, les jeunes d’aujourd’hui ne vont plus sur les sites de rencontres mais utilisent Facebook, TikTok, Snapchat…
Lena : Nous avons grandi avec les réseaux sociaux et nous avons appris à les utiliser. Maintenant, nous arrivons beaucoup mieux à percevoir quand quelqu’un a une attitude bizarre ou malhonnête, cela nous permet de faire un signalement et d’empêcher cette personne de nuire.
Renée : C’est bien pour les jeunes, mais à notre âge, il est compliqué de suivre tout cela. La plupart des résidents n’utilisent pas du tout le numérique. Ils ne savent même pas ce qu’est une application. Alors, allez comprendre à quoi sert ce « Crush » !
Andrée : C’est une sorte de club de rencontres comme on a pu en connaitre au tout début d’Internet. Il y a longtemps maintenant, après avoir perdu mon mari, un ami m’a incité à m’inscrire sur « Meetic ». C’est ainsi que j’ai rencontré un homme qui habitait à Vernon ; nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, il voulait que je fasse la connaissance ses enfants, alors que cela faisait à peine trois mois qu’il était veuf. Cela m’a inquiétée : je trouvais cela beaucoup trop précipité pour sa famille. Je ne me voyais pas faire face à de jeunes gens qui venaient de perdre leur maman. Nous nous sommes croisés quelques années plus tard et il a reconnu que j’avais eu raison.
On trouve aussi des sites qui permettent des rencontres entre homosexuels. C’est bien mieux pour eux, ils peuvent se retrouver sans devoir se cacher. Hélas, il y a aussi des incidents ; des personnes hostiles à l’homosexualité infiltrent ces sites et donnent des rendez-vous à leurs interlocuteurs pour les piéger. Ils les attendent pour « casser de l’homo » comme ils disent.
Renée : Avant, les moyens de proposer des rencontres étaient bien différents, il y avait les petites annonces dans le Chasseur français ». Vous croyez que cela existe encore ? Il y avait aussi des agences matrimoniales et, pour les catégories les plus aisées, des rallyes. Et puis, il y avait tout simplement les bals et les fêtes foraines.
Éloïse : Peut-on vous demander comment vous avez rencontré vos conjoints ?
Josette : Pour moi, c’était à la fin d’un congrès : il y avait une soirée organisée et nous nous sommes rencontrés en dansant sur la piste.
Serge : J’ai rencontré mon épouse à une randonnée pédestre. Quand on participe à une activité comme celle-là, on a forcément des points communs. Et puis, la marche est une activité propice pour rencontrer quelqu’un : on a du temps, on reste disponible pour la papote. Si on fait 20km, on peut se parler pendant 5h !
Andrée : Moi, j’ai rencontré mon mari au Yacht club à Édimbourg. Ça a été un coup de foudre. J’étais sa troisième femme mais c’est avec moi qu’il est resté ! Et nous, est-ce que l’on peut demander aux jeunes femmes, comment vous avez rencontré votre petit copain ?
Aurélie : Moi, c’est un ami qui m’a fait rencontrer un ami qui est devenu mon ami.
Kathleen : Pareil pour moi, une amie nous a présentés.
Mulan : Moi, je l’ai rencontré durant un anniversaire.
Jeanne : Moi c’était pendant une fête, un garçon m’a invité à danser le rock.