Depuis de nombreuses années, les EHPAD, qu’ils soient publics ou privés, souffrent d’un manque de moyens, notamment de personnels qualifiés. Les mêmes difficultés se rencontrent également dans les crèches. Les résidents de la Rose des Sables s’en émeuvent.
Revue de presse à la résidence autonomie de la Rose des Sables à Rouen.
Étaient présents : Brigitte, Chantal D., Chantal G., Denise, Gisèle, Jean-Louis, Josette, Vincent et les animatrices Edwige et Gracinda.
Josette : Les EHPAD sont dans un état alarmant. Un tiers d’entre eux risquent de déposer le bilan tandis qu’un autre tiers connait de graves difficultés de fonctionnement, notamment un manque de personnels qualifiés. 160 000 postes sont à pourvoir dans le secteur alors que le nombre de personnes âgées ne cesse d’augmenter.
Cela s’explique par la faible attractivité de ces métiers en lien avec le grand âge qui sont mal rémunérés. Aucune solution ne semble adaptée pour régler ce problème structurel ; si les frais de fonctionnement augmentent, les tarifs d’hébergement feront de même. D’un autre côté, on imagine mal les collectivités augmenter leur contribution et les aides qu’elles versent aux résidents vu la situation économique actuelle. Concernant les établissements privés, les actionnaires ne seront jamais d’accord de réduire leurs bénéfices pour améliorer le service.
Cette crise ne serait-elle pas l’occasion de repenser l’EHPAD en tant que tel ? Car ce modèle d’habitat de fin de vie ne correspond plus forcément aux envies des personnes concernées. Et si la pénurie des professionnels du grand âge était réduite par une recherche de plus grande attractivité de ces métiers ?
Dans mes activités associatives, j’accompagne une femme qui travaille en EHPAD ; elle n’a pas eu une journée de congés de tout l’été. Finalement, elle a démissionné de son CDI pour se mettre en intérim, elle n’a aucun mal à trouver du travail et gère beaucoup mieux son emploi du temps tout en étant mieux payée.
Renée : Les problèmes d’organisation du travail ne se rencontrent pas uniquement dans le domaine de l’accompagnement des personnes âgées. Dans beaucoup de secteurs, les entreprises fonctionnent en 2 X 8 et tournent avec du personnel qui doit faire beaucoup de kilomètres pour venir travailler. Elles trouvent pourtant du personnel. Mais il est vrai que dans les EHPAD, les problèmes s’accumulent : inaccessibilité en transport public, déficit de formations, salaires insuffisants, horaires décalés. Ça finit par faire beaucoup ! Ce sont les résidents qui en subissent les conséquences !
Chantal G : Le manque de personnel et les problèmes financiers rencontrés par les structures n’excusent pas tout. Je trouve inadmissible qu’on puisse laisser vivre quelqu’un dans un établissement où l’hygiène est négligée. Certaines personnes ne sont pas changées plus d’une fois par jour. Moi, si je devais aller dans le privé, ce ne serait pas possible. Les EHPAD sont trop chers, heureusement qu’il y a des aides.
Gracinda : Quand cela s’avère nécessaire, les enfants sont obligés de participer pour couvrir les dépenses que leurs parents ne peuvent assumer.
Josette : Il y a des pays où les ainés restent chez eux.
Gracinda : Ce sont souvent des pays où les femmes ne travaillent pas.
Gisèle : On trouve quand même des établissements qui fonctionnent bien. J’ai visité plusieurs EHPAD autour de Rouen. Certains me semblent vraiment bien organisés. Celui de Maromme a été construit en centre-ville et des commerces sont intégrés au bâtiment. Ils sont ouverts côté rue et côté hall d’accueil de l’établissement. C’est un très grand hall, très lumineux et très agréable. D’autres sont plus modestes mais les équipes ont l’air d’être attentives.
Brigitte : On a vu ces dernières années la situation des Ehpad se dégrader sans réagir, on s’aperçoit à présent qu’il en va de même avec les crèches qui, pour beaucoup, ne sont pas du tout respectueuses de la petite enfance.
Gracinda : Les taux d’encadrement des enfants n’arrêtent pas de se dégrader. C’est un problème récurrent que j’ai rencontré dans le centre aéré où je travaillais il y a quelques années. Le nombre d’animateurs ne cessait de diminuer, nous avons fini avec deux encadrants pour 29 enfants. On ne pouvait plus proposer d’activité aux enfants car les normes de sécurité n’étaient pas respectées. Il était compliqué de faire réagir notre hiérarchie malgré nos alertes. On retrouve le même problème dans les crèches et c’est peut-être encore plus inquiétant.
Josette : Il y a le problème du manque de personnel chez les nourrices mais aussi des cas de violences qui sont préoccupants. Là encore, la formation des personnes est nécessaire. Quand les nourrices sont agréées, il y a des cadres imposés.
Gisèle : Je connais un groupe de nourrices qui se réunissent une fois par semaine pour partager des idées de jeux et de sorties, Elles essayent d’enrichir leur activité de base. C’est important d’échanger, de ne pas rester seule avec ses questions mais ces initiatives ne répondent pas à tous les problèmes.
Brigitte : Finalement, la solution pour les personnes âgées serait de rester jeunes… et de grandir pour garder les enfants.