Les Européennes, c’est dans quelques mois. Mais qui le sait ? Hormis les partis politiques qui ont commencé à déployer leurs stratégies ? Martine fait œuvre de civisme et rappelle que l’Union européenne a une place à prendre dans le concert des nations.
Par Martine Lelait
Le 9 juin 2024, nous serons appelés aux urnes pour élire nos députés européens. C’est loin, me direz-vous ! C’est dans 9 mois, le temps d’une gestation.
Et puis l’Europe, on connaît mal, en tout cas en France. Si l’on en croit nombre de nos concitoyens, « l’Europe,c’est un truc qui coûte cher et qui complique la vie de par un empilement de règlements normatifs ».
Et si l’Europe, c’était mieux que ça ?
Sur un nombre total de 705 parlementaires représentant 27 États, la France compte 79 députés au Parlement européen (75 auxquels sont venus s’ajouter 4 nouveaux du fait des places laissées vacantes par les anglais après le Brexit). Quand on consulte la liste nominative de ces élus français, on s’aperçoit, qu’en fait, on en connaît beaucoup… mais pas forcément pour leur mandat européen autour duquel on ne communique guère. C’est le cas notamment de Bernard Guetta, connu pour avoir été journaliste pendant plus de 45 ans, pour la presse écrite et à France Inter, avant de devenir député européen. Et justement, le 7 juillet dernier, il était invité par le Mouvement européen 76, à venir présenter son dernier livre la Nation européenne (éditions Flammarion), à l’Hôtel du Département de Seine-Maritime à Rouen.
J’y étais.
Il a raconté que rien, a priori, ne le prédestinait à devenir un homme politique. Il avait été un militant actif dans sa jeunesse, puis, de par son métier, un fin observateur de la vie politique. Mais, c’est parce qu’il a été sollicité par le parti présidentiel pour figurer – en neuvième position – dans sa liste aux élections européennes de 2019, qu’il est entré en politique.
Il a évoqué, ce qu’il décrit aussi dans son livre avec humour, son étonnement à l’arrivée au Parlement européen, la découverte du protocole, les différents groupes parlementaires, la profusion de sigles incompréhensibles pour le profane, les rivalités entre le Conseil (les 27 gouvernements des États membres) et le Parlement (les députés), les différentes langues parlées au Parlement, (même si l’anglais domine suivi du français), le jargon bruxellois, le temps prodigieux passé à tricoter des compromis…
Récemment, la presse s’est faite l’écho de révélations de harcèlement et de détournement de fonds au sein des institutions européennes. Quelle déception pour qui pensait ces élus et fonctionnaires au-dessus de tout soupçon car sous l’œil avisé des contrôleurs de l’utilisation des fonds européens par les États ! Cela dit, les tripatouillages de quelques brebis galeuses ne doivent pas invalider toute la construction européenne.
Bernard Guetta s’est dit, malgré tout, un européaniste convaincu, admiratif du chemin parcouru de « la profonde et double mue » de l’Europe. Il a partagé son bonheur d’avoir vu l’Union Européenne passer d’une union centrée essentiellement sur l’économie (le marché commun prévu au départ pour 6 États) à la construction d’une véritable union politique à 27. Ce basculement est la conséquence d’une part de la crise du covid qui a poussé à la mise en place d’une politique sanitaire commune, et d’autre part de l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a poussé à initier une politique de défense commune. Il est convaincu que l’Europe doit prendre toute sa place sur le plan économique et politique afin de faire contrepoids à la fois aux Etats-Unis à l’ouest et à la Chine à l’est. Il rêve même que l’UE puisse à l’avenir prendre la forme d’une fusée à trois étages, avec trois niveaux d’intégrations différents pour les états qui trépignent aujourd’hui à sa porte.
En somme, même si elle a sûrement encore une grande marge de progrès, l’Europe n’est-elle pas moins moche que l’idée que l’on peut s’en faire ?
J’espère en tout cas que mon article donnera un peu envie d’aller voter en juin prochain…