Mamie Charge, une habitante de Calais qui invite les migrants à recharger leur téléphone dans son garage, inspire à Claudie une réflexion sur la peur de l’inconnu et de l’autre de couleur, en particulier. Et si on gagnait à avoir moins peur ?
Par Claudie Pierrot
Chacun de nous, dans une plus ou moins grande mesure, a peur de l’inconnu.
La nouveauté, le changement, l’étranger génèrent en nous des réactions de peur ou d’anxiété voire de colère ou d’agressivité parce qu’ils représentent un danger.
Très tôt, le jeune enfant fait l’apprentissage de la peur : l’abandon, les visages inconnus, le noir, les monstres représentent des menaces qu’elles soient réelles ou imaginées. Ces peurs sont normales et font partie de son développement et disparaîtront progressivement s’il bénéficie d’une une sécurité affective et inébranlable des parents et d’une ouverture vers les autres.
La vie est faite de changements, nous le savons tous. Que ce soit un changement planifié ou un autre qui arrive sans crier gare, on peut le redouter, en avoir peur et nous devrons montrer alors de grandes capacités d’adaptation pour le surmonter. La résistance au changement est normale elle est inévitable et saine ; ce qui est plus difficile, c’est accepter que ce que nous avons connu dans le passé ne sera plus pareil. Un nouveau travail, la venue d’un enfant au sein d’un couple, une séparation, un décès sont des exemples vécus par tous. Cette peur du changement, quand nous arrivons à la maîtriser, nous offre des occasions de se perfectionner, de se réaliser, d’élaborer de nouveaux projets.
Il existe aussi une autre peur dont on parle beaucoup : la peur de l’étranger sans doute provoquée par l’ignorance et le manque d’information.
Quand on dit qu’il y a trop de migrants, on pense souvent à des personnes racisées. On ne parle pas des étrangers de race blanche qui viennent aussi en grand nombre, mais ne sont pas accueillis de la même manière que les autres étrangers de couleur.
Alors que notre pays tente d’endiguer l’arrivée de migrants, des Français choisissent de les aider. C’est le cas d’une habitante de Calais que j’ai entendue dans les médias à l’occasion de la parution de son livre relatant ses vingt-quatre années d’expérience. Elle ouvre la porte de son garage 4 ou 5 fois par semaine aux migrants. Ils l’ont surnommée « Mamie Charge » parce qu’elle leur offre la possibilité de recharger gratuitement leur portable. Son installation électrique lui permet de recharger jusqu’à 100 portables par jour ! Ces migrants peuvent déposer leur téléphone ou rester dans le garage le temps qu’il faut. Dans ce cas, elle leur offre boissons chaudes, soupe faite maison etc….
Pour elle, l’accueil des migrants, c’est une manière de s’immerger dans leur culture, à la fois par la nourriture, leurs coutumes, leur façon de vivre. Rencontrer des réfugiés de différents pays c’est « fascinant, dit-elle, on découvre des tas de choses qu’on n’aurait jamais connues autrement » et elle conclut « je suis riche, très riche, grâce à ces jeunes »
Rencontrer l’autre qu’elles que soient ses origines ou sa couleur de peau est toujours source d’enrichissement, en effet.
Ces étrangers fuient souvent la persécution, la guerre ou la violence. En outre, ils représentent une main d’œuvre bienvenue pour les employeurs qui ont du mal à recruter dans des secteurs d’activités manquant de personnel.
Même s’ils ne nous ressemblent pas, ces étrangers représentent- ils un danger pour autant ?
Apprendre à connaître les autres développe en nous la tolérance et crée du lien entre les hommes. Pour moi, c’est donner un sens à sa vie.