Quel est l’habitat le plus adapté lorsqu’on avance en âge ? Martine explore les parcours résidentiels des séniors. Après le récit de Georgette, qui a quitté un 4ème étage pour un 1er puis celui de Marie-Madeleine entrée en résidence autonomie à Maromme, elle relate l’expérience de son père qui vient de rejoindre une résidence autonomie publique.
Par Martine Lelait
Je vous ai déjà parlé de mon père qui a été facteur à Rouen quasiment toute sa vie et de notre vie en HLM sur les Hauts de Rouen dans les années 1960-1970.
Depuis quelques années, mon père, veuf, était venu habiter chez sa belle-sœur, veuve également, pour rompre leurs deux solitudes. Sa maladie progressant et voyant mon père de bientôt 90 ans n’ayant plus la force d’être son aidant à temps plein, ma tante n’a pas eu d’autre solution que d’intégrer un EHPAD ; mon père ne s’est pas retrouvé à la rue, oh non, au contraire, il a continué d’être hébergé dans cet appartement de quasiment 100 m2, doté de tous les équipements et conforts imaginables mais où, comme il le disait volontiers, « tout seul, il se faisait royalement chier »… On imagine bien, quand on a été facteur, qu’on a rencontré du monde toute la journée, quand on aime parler, discuter, raconter des choses, combien la solitude est une compagne bien peu désirable.
Ainsi a mûri le projet d’entrer dans une résidence autonomie pour ne plus se sentir isolé et participer à des activités.
Elles fleurissent un peu partout en ce moment, ces résidences seniors. On ne compte plus les réalisations récentes et les constructions en cours, ne serait-ce qu’à Rouen. J’en ai visité plusieurs mais les tarifs proposés par les structures privées lucratives qui les gèrent ne sont en rien à la portée des bourses des retraités modestes.
C’est ainsi que le choix s’est porté sur une résidence autonomie publique, gérée par le CCAS de Rouen, établissement que je connaissais pour avoir participé à des Clubs des Curieux Aînés ou à d’autres activités et qui présente l’inestimable avantage d’être à proximité chez moi.
Je vous passe les différentes démarches, visite de l’établissement, constitution du dossier, avec avis médical sur le degré d’autonomie, passage en commission puis l’attente de quelques mois, le temps qu’un appartement se libère.
Et voilà que mon père a pu intégrer tout récemment la résidence Trianon. Deux semaines qui sont passées à toute allure, bien remplies avec les meubles à y apporter, les affaires personnelles à transbahuter, les listes de choses auxquelles on n’avait pas forcément pensé d’emblée, les assurances, contrats énergie, téléphone, internet à mettre en place…
Alors les premières impressions ?
Un accueil « aux petits oignons » par la directrice qui lui a trouvé une table fort sympathique où déjeuner le midi et pouvoir discuter avec ses voisins.
Un appartement lumineux, suffisamment grand, un environnement agréable, le Jardin des Plantes juste de l’autre côté de la rue… rue pour l’instant fermée dans les deux sens pour cause de travaux. Cela n’empêche pas mon père de prendre ses repères dans le quartier et de découvrir les petits commerces de proximité ; il a retrouvé tout seul à pied le supermarché où je l’avais emmené en voiture.
Le nouveau téléphone portable est enfin porté… l’ancien restait souvent sur le buffet ! La mise en place de la box traîne désagréablement si bien que toujours pas de télévision, ni d’internet pour l’ordinateur, ni de téléphone fixe mais heureusement il a emporté son dictionnaire et il y a des livres à disposition au 1er étage de la résidence. Il peut aussi regarder des DVD ou écouter des CD sur son ordinateur et le petit poste de radio fonctionne à merveille.
Mon père a déjà testé différentes activités : la gym, les chansons… Pas fan des petits chevaux, ni du Triomino, il aimerait bien trouver des partenaires pour le scrabble. Avis aux amateurs !