Un élu doit-il être absolument exemplaire jusque dans sa vie privée ou a-t-il le droit à l’erreur ? L’interpellation d’un député pour possession de stupéfiants a fait réagir les participants de cette première revue de presse organisée au sein de la Maison des Aînés.

Revue de presse à la Maison des Aînés de Rouen. 

Étaient présents : Annette, Christian, Michelle, Paulette, Yvonne. 

Michelle – Andy Kerbrat, député de La France Insoumise, a été interpelé en possession de stupéfiants. Il faut évidemment attendre d’en savoir plus pour se prononcer mais le simple fait qu’un élu fasse usage de produits illicites est problématique.
Doit-on attendre d’un député qu’il soit exemplaire ? Peut-on considérer ses écarts de la même manière que ceux d’un consommateur lambda ?
Quand quelqu’un se drogue, on sait rarement de quoi il retourne. Il est difficile d’évaluer les conséquences de cette consommation sur ses capacités de travail.

Annette – D’une manière générale, les députés sont un peu donneurs de leçon. Ils donnent souvent l’impression de tout savoir et d’être au-dessus des autres mais finalement, ils ont des failles.  
Je pense qu’une certaine intégrité s’impose à eux comme elle s’impose dans certains milieux professionnels. Les écarts sont moins faciles à accepter dans le domaine de l’éducation par exemple. On imagine mal un enseignant ne pas respecter le règlement. Cela semble évident. Il devrait en être de même en politique. Un élu doit respecter le cadre.

Yvonne – Quand on a des responsabilités, il faut être capable de les assumer. Pour éviter ce genre de problème, je ferais passer un examen à toutes personne présentant à une élection. Les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent chez eux mais à partir du moment où ils occupent une fonction qui concerne la vie de la société, j’estime qu’il y a des règles à respecter.

Michelle – La consommation et la vente de drogues étant interdites, on peut imaginer qu’il y aura une sanction pénale. On se demande souvent si la justice réagit assez vite et avec suffisamment de sévérité. Il faut qu’elle soit équitable mais il est difficile de croire que cela soit toujours le cas.
L’Assemblée nationale pourrait aussi agir en suspendant les indemnités du député. Mais encore faut-il qu’elle dispose de tous les éléments pour juger. 
Évidemment, cette question vaut pour tous les écarts imaginables : l’abus d’alcool, les comportements sexistes, les détournements de fonds…

Christian – On ne devrait pas aborder l’addiction à la consommation de drogue sous l’angle de la sanction mais réfléchir à l’aide qu’on pourrait au consommateur. 
Et je ne vois pas pourquoi cela serait différent pour un député. Je ne demande de certificat d’exemplarité à personne parce que personne n’est exemplaire. Il est normal de s’inquiéter des problèmes de consommation de drogue et d’intervenir auprès des utilisateurs mais cela doit demeurer un problème privé. Si un boulanger prend des produits interdits, on ne l’empêche pas de travailler ; en revanche, on doit l’aider à se soigner. C’est difficile de se sortir de la drogue. J’ai un ami qui a attendu longtemps avant de se sentir prêt à lutter contre ses addictions. Hélas, le centre dans lequel il était suivi a fermé et il a replongé. Je n’arrive pas à le condamner. Je ne vois pas pourquoi je jugerais davantage quelqu’un au prétexte qu’il est élu.

Paulette – Les gens doivent d’abord réaliser qu’ils sont malades et à partir de là, ils peuvent faire en sorte de se soigner. 

Michelle – Il faut une part de volonté, accepter de parler, faire confiance. C’est long et contraignant. Il faut une force. C’est difficile.

Paulette – Dans ma jeunesse, j’ai fait des études de médecine. J’ai vu que des produits circulaient mais la situation était très différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. Je n’avais pas l’impression d’assister à des drames.

Annette – Les drogues comme celles dont nous parlons à présent étaient moins courantes. Il y avait surtout de l’alcool ; l’absinthe a fait des ravages avant d’être interdite. La situation a évolué petit à petit. Aujourd’hui il y a tellement de produits extrêmement dangereux qui circulent ! Les jeunes sont plus vulnérables me semble-t-il.

Yvonne – Je me souviens qu’à la fin de la guerre, les Américains distribuaient généreusement des bonbons, du chocolat et des cigarettes à tous les jeunes. Tous les garçons et les filles se précipitaient pour en avoir et tout le monde fumait. Remarquez bien que nous aurions préféré avoir à manger. 
La cigarette n’est pas un stupéfiant mais cela montre bien que l’on est facilement séduit par tous les produits possibles et imaginables.

Christian – L’alcool non plus n’est pas considéré comme une drogue, il s’agit pourtant d’un des pires fléaux de notre société. On parle plus facilement aujourd’hui des problèmes d’addiction et de santé qui sont liés à sa consommation mais on ne les combat pas de la même manière que les stupéfiants. Il y a certainement des enjeux économiques derrière cela, des problèmes culturels aussi.