La vieillesse est de plus en plus un sujet d’étude et de réflexion. Yvonne s’en réjouit. A la clé, n’est-ce pas la promesse d’une société plus inclusive pour ceux qui vivent longtemps ?
Par Yvonne Leménager
A 88 ans, j’écrivais que la vieillesse était une « terre inconnue ». D’aucuns m’ont rétorqué alors qu’il existait en réalité beaucoup d’études et de publications sur le sujet. Ah bon ? Mais où étaient-elles diffusées ? Pourquoi n’étaient-elles pas davantage portées à la connaissance des premiers concernés ? Pourquoi les enquêtes sur la vieillesse viennent-elles surtout nourrir des savoirs académiques et n’apportent aucun bénéfice aux vieux qui ont été observés… parfois comme une population exotique ?
A 89 ans, j’ai l’impression que les choses bougent. Les crises du Covid et des EPHAD n’y sont sans doute pas pour rien. S’y ajoute le début de l’arrivée en masse des babys boomers sur les rivages de la vieillesse. Ceux-ci n’ont manifestement, n’ont pas l’intention de se laisser marginaliser et mépriser comme l’ont été les vieux des générations précédentes. Ainsi, la journaliste septuagénaire Laure Adler, qui, après avoir publié La Voyageuse de nuit (voyage dans la vieillesse), a élargi son propos par son documentaire la Révolte des vieux diffusé sur France 2 en février. Ainsi aussi, la septuagénaire, Marie de Hennezel qui vient de publier L’aventure de vieillir.
A tout ceci s’ajoute l’émergence d’associations telles que Old’up, le Conseil National Autoproclamé de la Vieillesse (CNAV) ou encore Vieux Inégaux et Fous (VIF), dont le leitmotiv est « rien sur les vieux, sans les vieux ».
Gageons que l’exploration de la vieillesse ne fait que commencer et que cela apportera des fruits.
D’ores et déjà, il ressort de tout cela que l’image intériorisée et majoritairement négative de cette période de la vie est biaisée. Alzheimer et la dépendance sont les arbres qui cachent la forêt. En réalité, la majorité des personnes âgées demeure très longtemps valide et ont un effet discret mais positif et stabilisateur sur la société. N’ayons plus honte d’être vieux et participons à la réflexion collective qui s’amorce.