En France, la culture est subventionnée par plusieurs sources de financement, la principale étant les collectivités territoriales. Le manque d’intérêt d’un Président de région pour la culture, peut donc créer de l’inégalité territoriale. C’est ce qui se passe en Auvergne-Rhône-Alpes sous l’administration de Laurent Wauquiez. 

Par Claudie Perrot 


Dans les années 60, André Malraux, ministre de la culture du Général de Gaulle, a déclaré : « Désormais, il s’agit de faire en sorte que chaque enfant de France puisse avoir accès aux tableaux, au théâtre, au cinéma et autres formations de la culture comme il a droit à l’alphabet ».
Dans ses propos, Malraux insinuait que la culture, sous différentes formes, ne soit plus seulement accessible aux élites intellectuelles mais qu’elle devienne accessible à tous. 
Le poids du passé fait que beaucoup continuent à associer culture et niveau de vie bourgeois, et culture et expressions artistiques classiques voire poussiéreuses. A tort, car elles ont beaucoup évolué. La notion de culture s’est élargie. De nouvelles formes d’expression ont vu le jour, pas toujours acceptées par les partisans de la culture classique d’ailleurs, mais fortement acclamées par le public tels que le slam, le rap, le street art et d’autres musiques contemporaines sans oublier la cuisine, la mode et les voyages…….
En 2022, l’Unesco a reconnu la culture comme « un bien public mondial ». Avec raison. 

La culture enrichit la vie de tous au quotidien. Elle est d’autant plus précieuse quand elle se partage avec les autres, permet de s’ouvrir à l’inconnu et d’aller à la rencontre de nouveaux modes d’expression. La culture n’est pas un luxe. Elle est vitale et doit toucher le plus grand nombre.
Mais la culture doit-elle être subventionnée pour coûter le moins cher possible aux usagers ? De nombreux sondages et statistiques ont montré qu’une augmentation du prix de la culture n’empêcherait les milieux favorisés et consommateurs de culture à en consommer encore. En revanche, les personnes éloignées de la culture s’y intéresseraient encore moins si elles leur coutaient davantage. Sans les subventions de l’État et des collectivités territoriales à la culture, qui représentent un budget de 17 milliards, acheter un livre, aller au cinéma, au théâtre ou au concert, coûterait encore plus cher et serait inaccessible pour bon nombre de ménages. Alors, oui, la culture doit être subventionnée. 

Mais ce sont les villes, départements et régions qui sont les principaux soutiens de l’industrie culturelle. Aussi le budget attribué peut-il varier selon les priorités politiques des présidents de région ou des maires. Certains considèrent la culture comme non essentielle. Ainsi, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui a diminué de 4 millions d’euros en 2022 et de 1million d’euros supplémentaire en 2023 le budget de sa région. Le motif invoqué ? La France accompagnerait trop les métiers de la culture. Selon la 1ère vice-présidente de la région, Stéphanie Pernod, « s’ils vivaient de leurs entrées, nous aurions une certaine vérité populaire ». Foulant du pied, le principe de la dynamique vertueuse d’une culture accessible pour toutes les bourses. Et qui a fait ses preuves. Ces décisions ont déjà eu un retentissement sur l’activité du Théâtre nouvelle génération de Lyon 9e, le Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, sur l’organisation du festival Woodstower et de bien d’autres compagnies et établissements culturels émaillant le territoire de cette région.

Et puis, quelle vision à court terme ! Des études ont montré qu’investir dans la culture rapportait beaucoup plus que les dépenses liées au secteur. La culture a un fort impact sur le tourisme. Les festivals et grandes expositions attirent du monde de partout. Un rapport conjoint émanant du Ministère de l’économie et de la culture a révélé que, non seulement la culture rapportait plus que l’industrie automobile mais elle générait des emplois. La culture fait vivre environ 700.000 personnes dans les entreprises culturelles ou collatérales.
En France, nous avons la chance de bénéficier d’un patrimoine culturel très varié. Il faut le défendre. En sortant de chez soi pour découvrir l’offre culturelle dans toutes ses formes novatrices et inattendues. En n’acceptant pas l’inégalité territoriale culturelle au prétexte que le Président de région fait ce qu’il veut avec son budget. Vive la culture qui nous rend plus intelligents.