L’instabilité de la situation politique française et l’impossibilité des partis à se mettre d’accord autour d’un budget sèment le doute sur la confiance accordée aux élus. Ces derniers ne sont-ils pas en train d’oublier qu’ils ont des comptes à rendre aux citoyens qui leur ont donné leur voix ?
Revue de presse de la Résidence Jeanine Bonvoisin.
Étaient présents : Alain, Evelyne, Jacqueline, Stéphane et Françoise (animatrice).
Evelyne : Comment pourrait-on restaurer un peu de confiance en France ? Le sentiment d’impuissance qui s’est installé depuis la dissolution de l’Assemblée Nationale perdure et une lassitude de plus en plus forte se développe au sein de toutes les couches de la population. En qui pourrait-on croire en l’état actuel des choses ? Parfois, j’espère qu’une personnalité s’imposera – un peu comme on croyait à l’homme providentiel auparavant – mais personne ne se présente.
Alain : Il est difficile d’espérer. On sent qu’il faudrait que les gouvernements agissent concrètement mais ils semblent tous impuissants, et depuis longtemps ! Et puis, les citoyens qui se sont rendus dans les urnes ont été trop souvent déçus.
Françoise : Aucun des partis ayant accédé au pouvoir n’a donné l’impression d’être à la hauteur de ses promesses ; il est difficile pour eux d’être crédibles après cela. Il n’y a que le Rassemblement National qui peut se permettre de dire tout et n’importe quoi puisqu’il n’a jamais eu de responsabilité. Mais on peut être sûr qu’il ne tiendra pas plus ses promesses que les autres.
Evelyne : Ces dernières années, le RN a abandonné certaines de ses idées fondatrices comme la sortie de l’euro. Pour l’instant, il essaye de faire plaisir à tout le monde mais ses promesses ne sont pas réalistes. Quand on est au pouvoir, on ne peut pas se contenter de satisfaire les demandes de chacun.
Alain : Quand j’étais plus jeune, je votais pour les partis d’extrême gauche – LCR, Lutte Ouvrière, le Parti des Travailleurs – même si je savais qu’ils ne gagneraient pas. Quand on vote pour des petits partis comme ceux-là, on le fait uniquement pour les soutenir.
Mais, quand, en 2002, des gens de gauche ont voté pour Jacques Chirac pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle, ils ont estimé que leur soutien aurait dû être reconnu. Cela n’a pas été le cas. Jacques Chirac a mené la politique de son parti sans tenir compte de ceux qui l’avait élu par devoir. Cette incapacité à respecter le vote des gens dans leur diversité est terriblement démotivant.
Evelyne : Quand le Rassemblement National est en passe de gagner une élection importante, la mobilisation existe encore pour faire barrage, mais c’est de plus en plus dur. Je n’ai jamais voté avec beaucoup d’espoir plutôt pour faire barrage. C’est important mais sans doute pas suffisant.
Stéphane : Moi, je n’ai jamais voté parce que je n’y crois pas. Je n’ai jamais vu de différence entre les partis politiques. Les pauvres restent pauvres et les riches continuent de s’enrichir. C’est même de pire en pire. La seule fois où j’aurais bien voté, c’était en 1981 quand Coluche a annoncé sa candidature.
Jacqueline : Moi non plus je n’ai jamais voté. Les gens au pouvoir sont trop éloignés des gens comme nous. Les élections présidentielles en France sont l’occasion de nommer un roi qui aura tendance à croire qu’il peut faire ce qu’il veut.
Evelyne : On sent que la lassitude augmente par manque de confiance envers nos dirigeants et parce que la situation actuelle, tant au plan national qu’international, est inquiétante. Il me semble qu’une majorité de Français s’impatiente en voyant le temps qu’il faut pour simplement voter un budget. Les gens ont envie de savoir où l’on va.
Pourtant, l’avenir de ce budget est d’être contesté de toutes parts !
Tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut faire des économies mais dès que des mesures nous concernent, on s’oppose. Les économies, c’est pour les autres !
Stéphane : On ne peut pas convaincre les gens d’être solidaires.
Alain : Si on prend un peu à tout le monde, on devrait pouvoir l’accepter.Evelyne : Quand ma pension de retraite augmente, je touche un euro ! S’il faut le redonner, je veux bien.